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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/77

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et une division autrichienne, sous les ordres du prince de Lichtenstein, bloquait Besançon, alors commandé par un des plus braves capitaines de l’armée française, qui en comptait beaucoup : le général de division Marulaz[1].

Fils d’un ancien sous-officier du régiment d’Esterhazy, il était né, pour ainsi dire, entre deux galops, et pendant plus de dix ans, comme chef d’escadrons et colonel, il avait mené le 8e hussards à la gloire. De Boxtel à Wagram, son intrépidité et son audace ne s’étaient jamais démenties et son immuable énergie durant le blocus a été reconnue de tous les habitants ; le prince de Lichtenstein lui-même lui témoigna son estime de manière fort flatteuse. Âgé de quarante-cinq ans environ au moment de l’invasion, Marulaz n’avait rien d’un roué, ni par l’élégance ni par le langage, et ses vigoureuses apostrophes, lancées avec un accent allemand très rude, sentaient plus la caserne que l’hôtel de Rambouillet. Son salon, c’était le champ de bataille. Voici une anecdote que je me rappelle et qui appuiera mon dire :

Un jour de février 1814, Marulaz envoya un petit parti d’infanterie en reconnaissance du côté de Saint-Ferjeux et le suivit à une dizaine de minutes avec quel-

  1. Marulaz (Jacob-François, baron), 1769-1842. Hussard en 1784, il devint lieutenant en 1592, chef de brigade en 1799, et général en 1805. Après avoir fait presque toutes les campagnes jusqu’en 1809, il fut nommé commandant de la 6e division militaire (Besançon), et resta en non-activité sous la Restauration. Le général Marulaz avait reçu dix-neuf blessures et avait en vingt-six chevaux tués sous lui.