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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/78

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ques dragons d’escorte. Accueillis par un poste autrichien peu nombreux, les fantassins furent cependant pris d’une panique folle et regagnèrent la ville à toutes jambes à travers champs et jardins. Un seul soldat effaré revenait par la route où marchait le général. Dès qu’il l’aperçut et comprenant ce qui venait de se passer, Marulaz se précipita sur lui en hurlant : « Ah ! tas de cochons, vous n’êtes plus qu’un !.... Tiens ! Tiens ! » et il accompagnait ses exclamations à grands coups de plat de sabre sur le dos du malheureux fuyard. Après plusieurs mètres parcourus sous cette douche de fer, l’homme s’enfila comme un lapin dans une haie devant laquelle le général fut forcé de se calmer.

Marulaz était tout en rudesse, mais ce soldat à l’allure martiale, aux yeux vifs, au poil dur, forçait l’admiration ; il avait une âme d’acier et un cœur d’or, et sa bonté véritable lui attira des affections qui restèrent toujours vivaces. Je souhaite que les liens d’amitié qui rattachaient les miens à cet héroïque capitaine continuent à se resserrer avec ses descendants.

L’ennemi se contenta, comme il en avait sans doute reçu l’ordre, d’investir étroitement la place sans faire sur elle la moindre tentative, car, à l’exception d’une seule nuit où il prit fantaisie au comte de Colloredo, qui n’était qu’en passage sous nos murs avec un gros de troupes, de faire lancer quelques bombes et quelques obus dans la ville, nous ne fûmes point inquiétés. Notre garnison fit même, durant ce blocus, plusieurs