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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/49

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LA PÊCHE.

Et, quand l’ombre survient avec la brise fraîche,
Les canots à leur poupe allument des flambeaux.
De leurs groupes pressés tombent des masses d’ombres
Sur la vague rougie : on croit voir des tombeaux
Sortir les manitous tant les figures sombres
Des pécheurs indiens ressemblent aux esprits.
Les habitants de l’eau, que la lumière attire,
S’offrant de toute part, fuient sous les coups, meurtris.
Les embarcations semblent parfois décrire,
Se croisant en tous sens, des signes infernaux.
On dirait que sur l’onde une chaîne enflammée
Déroule à l’infini ses éclatants anneaux.
Est-ce Loulouka qui jette flamme et fumée
Pour protéger les siens contre les ennemis,
Lui, le dieu des poissons, aux nageoires puissantes !

Mais qui réveille au loin les échos endormis ?
J’entends un cri d’appel et des plaintes perçantes :
Oh ! c’est un de tes coups, ô manitou des eaux.
L’Indien t’a cru voir entraîner la nacelle