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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/50

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LIOLA


Où s’endort Liola sous les légers réseaux
Que le filet sans tache étend au-dessus d’elle.
La barque s’est heurtée à deux canots remplis
Et chavire soudain : la douce fiancée
Disparaît sous la vague aux humides replis.
De ce terrible coup, ah ! toute âme est blessée !
Quel deuil sur cette fête ! Ô ciel, tends-toi de noir !
Ou plutôt prêtez vos yeux, ô claires étoiles,
Pour qu’en ce gouffre sombre on puisse l’entrevoir.
Tous les bras de douleur tombent comme les voiles,
Quand la brise se meurt sous les feux de l’été :
Si belle tout à l’heure et peut-être un cadavre
À cet instant aussi long qu’une éternité !…
Anxiété terrible ! Ô désespoir qui navre !
L’œil ne l’aperçoit plus : sur sa tête un peu d’eau
Et déjà tout un monde entre elle et cette terre !
De la mort sur la vie est tombé le rideau
Que les esprits ont fait tout d’ombre et de mystère…

Oh ! vite à son secours ! Accourez, ô plongeurs !
Ils reviennent, hélas ! sans elle à la surface.