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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/66

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LIOLA


Une voix.

Nous t’offrirons nos coquilles,
Ce qui nous est le plus cher ;
Et, s’il le faut, prends nos filles,
Cet espoir de nos familles,
Cette chair de notre chair !

Un silence de mort succède à la prière.
Les eaux baissent la voix et le peuple en suspens
Suit de l’œil le jongleur qui court à la rivière
Et, dans la nuit lugubre, agite ses serpents.
Soudain, tout frémissant, il s’arrête et s’écrie :
« Quel est ce manitou qui s’empare de moi ?
Je le vois, Loulouka ! mais quelle est sa furie !
Dans mes veines mon sang va se glacer d’effroi :
Son doigt me montre aux cieux un signe qu’on adore.
Comme il grandit, enlace en ses bras nos forêts !
C’est le signe odieux des peuples de l’aurore.
Arrêtez ! Qu’ai-je vu ? Déjà nos dieux sont prêts,