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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/374

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histoire des églises et chapelles de lyon

revinrent à Lyon et à Amiens, puis s’établirent à Bourges. Mais l’imprévoyance de la mère assistante gâta tout, et l’institut fut sur la pente de sa ruine : les fondations, en effet, étaient trop nombreuses, les ressources insuffisantes. La mère Marie-Thérèse s’humilia, et s’attribua le tort, quoiqu’elle ne fut pour rien dans le désastre. Elle démissionna, le 13 février 1874, et fut même renvoyée de l’institut. Elle rentra alors à Notre-Dame-de-Charité à Toulouse, où elle prit le nom de mère du Sacré-Cœur, et mourut le 7 juin 1889. La mère assistante, devenue supérieure générale de Marie-Auxiliatrice, ne tarda pas à être jugée par les sœurs à sa juste valeur ; les obstacles s’accumulant, elle démissionna le 13 février 1890. Son successeur fut mère Marie-Élisabeth, la fille de prédilection de la fondatrice qui fut nommée supérieure générale le 29 août 1890.

Ce fut en 1869 que les religieuses vinrent s’établir à Lyon. En 1889 elles transportèrent leur maison de famille place Saint-Clair, où elles possédaient déjà un externat d’enfants : la maison s’élevait en terrasses, et ses divers étages bien aménagés, s’ouvraient à un nombre de plus en plus considérable d’employées de commerce ou d’administration, d’institutrices, d’ouvrières, obligées de travailler en dehors des sécurités et des consolations de la famille. Celles-ci sont reçues à des conditions très modérées et on cherche non seulement à les protéger au-dehors contre les dangers auxquels elles sont exposées, mais on s’efforce encore de leur donner, autant que possible, la vie de famille dont elles sont privées. Les jeunes personnes sont reçues à la seule condition morale de vivre sous la dépendance des religieuses, de mener une vie régulière, soit au dedans, soit au dehors de la maison, et de s’employer à un travail sérieux dans leur propre intérêt.

Bientôt la maison de Saint-Clair ne suffit plus. Les religieuses de Marie-Auxiliatrice eurent recours, pour construire, à la générosité privée qui, dans notre ville, ne fait jamais défaut aux œuvres chrétiennes et sociales. Un demi-million fut couvert pour fonder une société financière par actions, qu’on nomma : « La Protectrice ». Dès 1895, un nouvel établissement s’ouvrait en hâte rue Bossuet, 11, avant même que les pavillons en fussent achevés. Il abrite maintenant plus de 260 jeunes filles de toute condition. On y voit des institutrices, des gouvernantes, des étudiantes, des employées de commerce, de banque pu d’administration, des couturières et des brodeuses. Les plus fortunées prennent une pension qui leur donne droit à une chambre, les moins favorisées se logent au dortoir commun. Mais la plus parfaite égalité règne entre les unes et les autres : elles se conseillent, se soutiennent, en s’instruisant mutuellement dans les difficultés de la vie. Des cours professionnels sont faits par des religieuses très versées en leçons de choses, et des conférences préparent aux divers emplois. Parfois, dans la morte saison, on improvise des ateliers d’ouvrages à façon accessibles à toutes les bonnes volontés.

Le régime n’est pas plus celui de l’orphelinat que celui du couvent. Les religieuses, véritables mères, ne poussent à la vie religieuse que les vocations éprouvées, et acheminent surtout leurs protégées à leur devoir normal, au mariage. L’esprit d’ordre et de propreté minutieuse, de stricte économie qui caractérise la maison, lui fait une excellente enseigne, à laquelle se sont fiés d’honnêtes jeunes gens et aboutissant à des unions loyales célébrées parfois dans la modeste chapelle.