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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/146

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élection, il me paraît désirable que Jacques ait quitté Crouy, et qu’il ne puisse plus être question de cette affaire. La notoriété attire toutes sortes d’interviews et d’enquêtes ; vous serez en butte aux indiscrétions de la presse… Considération tout à fait secondaire, je sais ; mais enfin… »

M. Thibault laissa échapper un coup d’œil qui trahissait l’inquiétude. Sans qu’il se l’avouât à lui-même, cette levée d’écrou libérait sa conscience, et la combinaison de l’abbé n’avait que des avantages, puisqu’elle sauvegardait son amour-propre vis-à-vis d’Antoine, et rendait à Jacques une situation régulière, sans que M. Thibault eût à s’occuper de l’enfant.

— « Si j’étais sûr », finit-il par dire, « que ce garnement, une fois relâché, ne nous attirera pas de nouveaux scandales… »

La partie, cette fois, était gagnée.

L’abbé s’engagea à exercer un contrôle discret sur l’existence des deux enfants, au moins pendant les premiers mois. Puis il accepta de venir dîner le lendemain rue de l’Université, et de prendre part à l’entretien que le père voulait avoir avec son aîné.

M. Thibault se leva pour partir. Il s’en