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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/152

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— « Quoi que tu aies fait, chérie », dit alors Mme de Fontanin, « personne ici ne te demandera rien. Garde ton secret, si tu veux. Je te sais gré d’avoir pensé à venir près de nous. Tu es ici comme une enfant de la maison. »

Nicole se redressa. Est-ce qu’on la soupçonnait d’avoir commis quelque faute pénible à confesser ? Dans le mouvement qu’elle fît, le châle glissa de ses épaules, et découvrit un buste, plein de santé, qui contrastait avec son visage maigri et l’extrême jeunesse de ses traits.

— « Au contraire », dit-elle, avec un regard flamboyant, « je veux tout dire. » Et aussitôt elle commença avec une sorte de sécheresse provoquante : « Ma tante… Le jour où vous êtes venue rue de Monceau… »

— « Ah », fit Mme de Fontanin ; et, de nouveau, sa figure prit une expression de souffrance.

— « …j’ai tout entendu », acheva Nicole, très vite, en battant des paupières.

Il y eut un silence.

— « Je le savais, ma chérie. »

La petite étouffa un sanglot, et plongea