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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/153

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son visage entre ses mains, comme si elle fondait en larmes. Mais elle releva la tête presqu’aussitôt ; ses yeux étaient secs et ses lèvres serrées, ce qui changeait son expression habituelle et jusqu’au son de sa voix :

— « Ne la jugez pas mal, tante Thérèse ! Elle est très malheureuse, vous savez… Vous ne me croyez pas ? »

— « Si », répondit Mme de Fontanin. Une question lui brûlait les lèvres ; elle regarda la jeune fille avec un calme qui ne pouvait tromper personne : « Est-ce que, là-bas, il y a aussi… ton oncle Jérôme ? »

— « Oui. » Elle ajouta, après une pause, en levant les sourcils : « C’est même lui qui m’a donné l’idée de me sauver… de venir ici… »

— « Lui ? »

— « Non, c’est-à-dire… Pendant ces huit jours, il est venu chaque matin. Il me donnait un peu d’argent pour que je puisse vivre, puisque j’étais restée là, toute seule. Et avant-hier, il m’a dit : “ Si une âme charitable pouvait te prendre chez elle, tu serais mieux qu’ici. ” Il a dit “ une âme charitable ”. Mais j’ai tout de suite pensé à vous, tante