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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/177

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cabinet, un atelier de radio… Avec une infirmière… Ou plutôt un aide, en blouse… Les jours de consultations, chaque cas un peu sérieux, hop, cliché…

« Ce qui me donne confiance en Thibault, c’est qu’il commence toujours par un examen radiographique… »

Il sourit au son de sa propre voix et cligna de l’œil vers la glace : « Eh bien, oui je le sais bien, l’orgueil », songea-t-il avec un rire cynique. « L’abbé Vécard dit : “ L’orgueil des Thibault ”. Mon père, lui… Soit. Mais moi, eh bien oui, l’orgueil. Pourquoi non ? L’orgueil, c’est mon levier, le levier de toutes mes forces. Je m’en sers. J’ai bien le droit. Est-ce qu’il ne s’agit pas avant tout d’utiliser ses forces ? Et quelles sont-elles mes forces ? » Un sourire découvrit ses dents. « Je les connais bien. D’abord, je comprends vite et je retiens ; ça reste. Ensuite, faculté de travail. Thibault travaille comme un bœuf ! Tant mieux ; laisse-les dire ! Ils voudraient tous pouvoir en faire autant. Et puis, quoi encore ? Énergie. Ça, oui. Une énergie ex-traor-di-naire », prononça-t-il lentement, en se cherchant de nouveau dans la glace. « C’est comme un potentiel… Un accu-