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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/191

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ne pas éclater de rire. Ce fut elle qui obtint le premier sourire de Jacques :

— « Tu ne me reconnais pas ? » fit-il en allant vers elle. La glace était rompue. Elle se jeta dans ses bras, puis se mit à sauter comme un cabri, sans lâcher la main qu’elle lui avait prise. Mais elle n’osa rien lui dire ce jour-là, pas même pour lui demander s’il avait vu ses fleurs.

Ils redescendirent tous ensemble. Gisèle ne lâchait toujours pas la main de son Jacquot et elle se collait silencieusement contre lui, avec la sensualité d’un animal jeune. Ils se séparèrent au bas de l’escalier. Mais, sous la voûte, elle se retourna et lui adressa, à travers la porte vitrée, un gros baiser des deux mains : qu’il ne vit pas.


Lorsqu’ils se retrouvèrent seuls, chez eux, Antoine, au premier coup d’œil qu’il jeta vers Jacques, comprit que son frère éprouvait un vif soulagement d’avoir revu les siens, et qu’il y avait déjà une amélioration dans son état.

— « Crois-tu pas que nous allons être bien ici, tous les deux ? Réponds ! »