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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/271

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Elle se rebiffa :

— « Ce n’est pas l’avis de maman. Ni de Daniel. »

Elle le dévisageait avec des yeux franchement hostiles. Il s’aperçut de sa maladresse, voulut se rattraper, crut dire quelque chose d’aimable :

— « Une fille en sait toujours assez pour ce qu’elle a besoin … »

Il comprit qu’il s’enferrait ; il n’était maître ni de ses pensées, ni de ses paroles ; il eut l’impression que le pénitencier avait fait de lui un imbécile. Il rougit, puis, tout à coup, cette bouffée de chaleur qui lui montait au visage l’étourdit, et il ne vit plus d’autre issue que dans la colère. Il chercha, pour se venger, un trait qu’il ne trouva pas, perdit tout bon sens, et lança avec cet accent de gouaillerie vulgaire que prenait souvent son père :

— « Le principal ne s’apprend pas dans les écoles : c’est d’avoir bon caractère ! »

Elle se retint au point de ne pas même hausser les épaules. Mais comme Puce venait de bâiller bruyamment :

— « Oh, la vilaine ! La mal élevée ! » fit-elle d’une voix qui tremblait de rage.