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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/29

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II


Le rapide du matin ne s’arrêtant pas à Crouy, Antoine avait dû descendre à Venette, la dernière station avant Compiègne. Il sauta du train avec une animation extrême. Durant le trajet, malgré l’examen qu’il avait à passer la semaine suivante, il n’avait pu fixer son esprit sur les livres de médecine qu’il avait emportés. L’heure décisive approchait. Depuis deux jours son imagination lui représentait avec tant de précision l’accomplissement de cette croisade, qu’il pensait déjà avoir mis fin à l’incarcération de Jacques, et ne songeait plus qu’à reconquérir son affection.

Il y avait deux kilomètres à parcourir sur une belle route plane, égayée de soleil. Pour la première fois de l’année, après des semaines pluvieuses, le printemps semblait s’offrir enfin, dans le frais parfum de cette matinée de mars. Antoine regardait avec ravissement de chaque côté du chemin les