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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/295

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cœur joyeux, l’âme et la chair purifiées. Ce n’était pas qu’il eut le sentiment d’avoir découvert quelque chose, mais plutôt celui d’avoir recouvré un ancien état d’équilibre : comme un convalescent, que réjouit mais n’étonne en rien le retour de la santés.

Toujours nu, il se glissa dans le vestibule et entrebâilla la porte d’entrée. Il crut distinguer, dans l’ombre de la loge, Lisbeth agenouillée sous ses voiles, comme la veille au soir. Des hommes, sur des échelles, tendaient de noir la porte cochère. Il se rappela que l’enterrement avait lieu à neuf heures, et s’habilla en hâte, comme pour une fête. Ce matin-là, toute action lui était une joie.

Il achevait de remettre sa chambre en ordre, lorsque M. Thibault, revenu exprès de Maisons-Laffitte, vint le prendre.

Il suivit le convoi aux côtés de son père. À l’église, il défila parmi les autres, parmi tous ces gens qui ne savaient pas, et serra la main de Lisbeth, sans grande émotion, avec un certain sentiment de supériorité familière.


Toute la journée la loge fut vide. Jacques attendait d’un instant à l’autre le retour de