Aller au contenu

Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quitter les enfants de l’œil. Le prêtre, à l’autel, servi par deux pupilles, terminait son office.

— « Où est Jacques ? » souffla Antoine.

Le directeur indiqua la tribune sous laquelle ils étaient, et, sur la pointe des pieds, regagna la porte.

— « Votre frère a toujours sa place en haut », dit M. Faîsme dès qu’ils furent dehors. « Il y est seul, c’est-à-dire avec le garçon attaché à son service. À ce propos, vous pourrez annoncer à M. votre père que nous avons mis auprès de Jacques le nouveau domestique dont nous lui avions parlé. Voici une huitaine de jours déjà. L’autre, le père Léon, était un peu âgé et sera mieux placé à la surveillance d’un atelier. Le nouveau est un jeune lorrain ; ah, c’est la crème des braves gens : il sort du régiment : ordonnance du colonel ; nous avons eu sur lui des renseignements parfaits. Ce sera moins ennuyeux pour votre frère pendant les promenades, pas vrai ? Mais, sapristi, je bavarde, et les voilà qui sortent. »

Le chien se mit à aboyer furieusement. M. Faîsme le fit taire, assujettit ses lunettes, et se planta au centre de la cour d’honneur.