Aller au contenu

Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il n’y mettait pas malice et riait de son rire candide. Antoine songea au dortoir de là-haut, avec ses clapiers barrés de fer.

M. Faîsme se retourna ; il eut un sourire d’incompris :

— « Sapristi, je bavarde, et je vois bien que vous m’écoutez par pure politesse, pas vrai ? Je vous conduis jusque chez Jacques, et je vous laisse. Passez, Jacques, montrez-nous le chemin. »

Jacques partit en avant. Antoine le rejoignit et mit une main sur son épaule. Il faisait un effort pour se représenter le petit être malingre, nerveux, bas sur pattes, qu’il avait été cueillir à Marseille l’an dernier.

— « Tu es aussi grand que moi, maintenant. »

De l’épaule, sa main remonta jusqu’à la nuque, pareille au maigre cou d’un oiseau. Tous les membres paraissaient étirés jusqu’à la fragilité : les poignets allongés dépassaient les manches ; le pantalon découvrait presque les chevilles ; la démarche avait une raideur, une gaucherie, et en même temps une élasticité, une jeunesse, tout à fait nouvelles.