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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/62

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Enfin », fit-il en s’en allant, « faut pas bouder sa vie… Mes salutations à M. Thibault, sans vous commander : de la part du père Léon, il me connaît bien, allez ! »

— « Quel vieux brave homme », dit Antoine lorsqu’il fut sorti.

Il voulut renouer l’entretien :

— « Je peux lui faire parvenir une lettre de toi, si tu veux », reprit-il. Et comme Jacques ne comprenait pas : « Tu n’as pas envie d’écrire un mot à Fontanin ? »

Il s’obstinait à guetter sur ces traits tranquilles un indice d’émotion, un rappel du passé ; en vain. Le jeune homme secouait la tête, sans sourire cette fois :

— « Non, merci. Je n’ai rien à lui dire. C’est de l’histoire ancienne. »

Antoine s’en tint là. Il était excédé. D’ailleurs le temps passait ; il tira sa montre :

— « Dix heures et demie : dans cinq minutes, il faudra que je parte. »

Jacques sembla troublé tout à coup, désireux de dire certaines choses. Lesquelles ? Il interrogea son frère sur sa santé, sur l’heure du train, sur ses examens. Et lorsqu’Antoine se leva, il fut frappé de l’accent avec lequel Jacques soupira :