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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/61

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d’entendre ce que l’on disait à l’intérieur.

— « Il y a quelqu’un dans le couloir ? » fit Antoine brutalement, mais en baissant la voix.

Jacques le regarda comme s’il était devenu fou.

— « Comment, dans le couloir ? Oui, quelquefois… Pourquoi ? Je viens justement de voir passer le père Léon. »

À ce moment, on frappa : le père Léon venait faire la connaissance du grand frère. Il s’assit familièrement sur le coin de. la table.

— « Eh bien, vous lui trouvez bonne mine, j’espère ? A-t-il forci, hein, depuis l’automne ? »

Il riait. Il avait une face de vieux grognard à moustaches tombantes, et son rire de bon vivant congestionnait ses pommettes, les couvrait de petits vermicelles rouges, qui se ramifiaient jusque dans le blanc de ses yeux, et troublaient son regard, dont l’expression, le plus souvent, était paternelle, mais malicieuse.

— « Ils m’ont remis aux ateliers », expliqua-t-il en balançant les épaules. « Moi qui étais si bien habitué avec M. Jacques !