Aller au contenu

Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— « Onze heures moins le quart », constata M. Faîsme. « Vous avez tout votre temps, mais il faut partir. »

Ils traversèrent le vestibule où trônait le buste de M. Thibault. Antoine le considérait maintenant sans ironie. Il comprenait ce qu’il y avait de légitime dans l’orgueil que son père tirait de cette Œuvre, entièrement créée par lui ; il ressentit quelque fierté d’être son fils.

M. Faîsme l’accompagna jusqu’au portail, le chargeant de tous ses respects pour M. le Fondateur ; il ne cessait de rire tout en parlant, plissant les yeux derrière ses lunettes d’or, et il tenait la main d’Antoine familièrement enfermée entre les siennes, qui étaient douces et potelées comme des mains de femme. Enfin Antoine se dégagea. Le petit bonhomme restait sur la route, nu-tête au soleil, les bras soulevés, riant toujours et dodelinant la tête en signe d’amitié.