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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/391

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prince furent mis en parallèle avec ce que j’avois à craindre du côté du vizir, et tout cela avec une éloquence naturelle qu’on voit bien plus communément chez les Indiens que chez les Européens, de sorte qu’il m’eût été difficile de ne me point rendre à ses raisons, quand même mon parti n’eût pas été déjà pris. Mais ce n’étoit point là le point critique. Je prétendois sonder Hytelrao en lui demandant de l’argent ; c’est la meilleure pierre de touche qu’on puisse employer, surtout avec les Indiens. Je dis donc au chef marate que j’étois disposé à suivre le prince, mais que sans argent il ne m’etoit pas possible de faire un pas. Tout autre à mon début se seroit mis à rire, Hytelrao me dit naturellement qu’il s’y étoit attendu. Il connoissoit les Européens ; il avoit vu dans le Dékan M. de Bussy ou du moins son armée, par laquelle il m’avoua qu’il avoit été une fois bien étrillé. Je sçais, ajouta-t-il, que les Européens ne peuvent pas vivre comme nous autres ; il leur faut de l’argent et beaucoup, vous en aurez, rien ne vous manquera. Tout étant d’accord entre nous, nous fûmes rejoindre le prince, qui ayant sçu d’Hytelrao la résolution que j’avois prise de l’accompagner, témoigna sa satisfaction et débita tout ce qu’il savoit à la louange des Européens. Hytelrao oubliant l’article de l’argent, je crus devoir aider sa mémoire sur ce point, mon intention étant que tout ce que je recevrois fut comme venant du prince. En effet le Chazada ordonna sur