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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/394

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avoit gardé depuis notre départ d’Eleabad. Quoi qu’il en soit, il tînt toujours bon, j’en recevois beaucoup de lettres mais point d’argent. Comme il se défioit de moi autant que je me défiois de lui, il remettoit toujours l’exécution de ses promesses à mon arrivée dans la capitale, ce qui ne me convenoit pas. Ce fut pour lors que je me débarassai de Zoulfekaralikhan, non en le livrant au vizir — sa vieillesse respectable m’engagea à n’y plus penser — je lui dis d’aller où il voudroit ; je ne scais ce qu’il est devenu.

Une des choses qui me surprit le plus à Dehly fut le silence où l’on étoit au sujet des Avril 1758.      Anglois. Je m’attendois qu’après la révolution du Bengale il ne seroit question que d’eux dans cette capitale. La révolution faisoit beaucoup de bruit, mais tout étoit mis sur le compte des Chets et de Racdolobram. On connoissoit bien le nom de Clive, c’étoit un grand capitaine, disoit-on, que les cheits avoient fait venir de fort loin et à grands frais pour délivrer le Bengale de la tirannie de Souratjotdola, comme Salabetdjingue avoit pris M. de Bussy pour tenir les Marates en respect. Plusieurs même des principaux me demandoient de quel pays il étoit. D’autres confondant tous les Européens ensemble, s’imaginoient que j’étois quelque député de M. Clive. J’avois beau dire que nous étions ennemis, que les Anglois avoient tout fait dans le Bengale, peut-être même beaucoup plus que les Chets n’auroient voulu, que