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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/393

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lettre dans laquelle après bien des compliments sur mon arrivée il me marquoit d’avoir une entière confiance à ce qu’ils me disoient. Ils m’apportoient quelques belles châles en présent que je refusai de recevoir. Leur commission étoit de nous conduire à Dehly, mais ce n’étoit pas une chose si aisée ; je leur fis des reproches assez vifs sur la conduite du vizir qui m’avoit manqué de parole. Cependant, comme je ne savois pas encore comment les affaires tourneroient, je mesurai mes expressions de manière à leur laisser toujours l’espérance de m’attirer à Dehly, pourvu qu’on me fit toucher de l’argent et je demandai une forte somme. Les circonstances pouvoient bien engager le vizir à un effort de générosité par l’espoir de tirer meilleur parti d’Hytelrao, lorsque nous ne serions plus avec lui, et c’étoit tout ce que je pouvois espérer de lui. L’argent reçu, je me serois probablement moqué du vizir qui s’étoit moqué de moi. En effet de quoi nous auroit servi notre attachement à ses intérêts ? Quand même le vizir auroit eu la meilleure volonté du monde pour nous, il ne lui étoit pas possible de tenir contre les attaques réitérées de nos ennemis, je veux dire les agents du Bengale et surtout ceux des chets. Ces émissaires étoient chargés de ne rien épargner pour nous traverser ; le vizir en étoit obsédé, mais agréablement, car ils ne se présentoient jamais les mains vides. Leur or, leurs présens devoient naturellement faire effet, et c’étoit la véritable raison du silence que le vizir