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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/409

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de major. Sur cela, je pris le parti avant que de quitter Agra, d’envoyer M. Lenoir à Dehly, tant pour savoir ce que deviendroit le prince, que pour sonder le vizir et ménager nos intérêts auprès de lui, supposé que par la suite ses affaires lui permissent de penser au Bengale, comme il me l’avoit toujours fait entendre lorsque j’étois à Dehly. Notre correspondance avoit toujours exactement été suivie : lui cherchant à m’attirer à Dehly et moi repoussant ses attaques le plus poliment qu’il m’étoit possible, en lui faisant entendre qu’il n’avoit pas tenu à moi que je n’eusse été entièrement à son service et que le manque de parole étoit tout de son côté. Je lui avois même fait dire en partant que c’étoit à cause de lui que je ne voulois plus rester avec le prince et les Marates, de sorte que je pouvois me flatter de n’être pas tout à fait mal dans son esprit. M. Lenoir étoit porteur de lettres par lesquelles je donnois avis de l’arrivée prochaine de nos forces. Il étoit chargé aussi de tâcher de ravoir quelques uns de nos déserteurs.

Des nouvelles aussi favorables que celles que je recevois ranimèrent nos esprits. Il ne fut plus question d’aller dans le Dékan. Notre retour à Eleabad n’étoit pas difficile, mais les raisons qui nous en avoient fait sortir subsistoient encore. Sur quoi je me déterminai à passer le temps des pluies à Choterpour, ville appartenante à un raja qui n’avoit rien à démêler soit avec le vizir soit