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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/418

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ce qui est général dans toute l’Inde ; les rues étroites et pour le moins aussi crottées que les plus vilains quartiers de Paris. Agra étoit aux Djates ; la forteresse, qui est très belle, est plus grande que celle de Dehly, dépendoit de l’empereur mogol ou plutôt de son vizir. On fabrique des toiles à Agra et une espèce de velours qui ressemble à celui de Chine. Les Hollandois y avoient autrefois un comptoir qu’ils ont abandonné, parcequ’il leur étoit à charge. La maison est encore sur pied. Je me souviens d’avoir rencontré à Agra le père Tiffentallen, Jésuite allemand, savant missionnaire ; il étoit généralement aimé et estimé.


Dans tout cet espace entre Dehly et Agra, et même sur la grande route qui va dans le Dékan les chemins ne sont pas libres ; on est assailli tout d’un coup par des mawatis. Ce sont des voleurs qui courent le pays par troupes de trois à quatre cens ; ils se joignent quelquefois jusqu’au nombre de mille, et leurs chefs s’entendent avec les rajas dont le pays dépend, de sorte que les voyageurs sont obligés de marcher en caravanes, qui s’assemblent dans les grandes villes comme Agra, etc. Il n’y a point de jour fixe pour leur départ. Les voyageurs s’arment de fusils dont ils tiennent la mèche toujours allumée, et la caravane part lorsqu’elle se croît assés forte pour passer outre.

Un homme qui n’a pas grand chose à perdre peut bien risquer de voyager seul ; la plus grande