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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/242

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l’art, pour plaire à l’homme ? Qu’est-ce qui la consolera de cette privation ? Vers quel nouveau objet tournera-t-elle ses pensées ? Où trouver une force d’ame suffisante, pour se déterminer à commencer cette recherche, quand ses habitudes sont fixées depuis long-tems, et que la vanité conduit depuis long-tems cette tête en désordre ?

Rousseau, que je ne puis m’empêcher de taxer de partialité, recommande la ruse ; il en fait même un systême qu’il s’efforce de rendre plausible.

« Que les filles soient toujours soumises ; mais que les mères ne soient pas toujours inexorables. Pour rendre docile une jeune personne, il ne faut pas la rendre malheureuse ; pour la rendre modeste, il ne faut pas l’abrutir. Au contraire, je ne serois pas fâché qu’on lui laissât mettre un peu d’adresse, non pas à éluder la punition dans sa désobéissance ; mais à se faire exempter d’obéir. Il n’est pas question de lui rendre sa dépendance pénible, il suffit de la lui faire sentir. La ruse est un talent naturel au sexe ; et persuadé que tous les penchans