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le pardon

On lui révélait que son mari avait, depuis deux ans, une maîtresse, une jeune veuve, Mme Rosset, chez qui il passait toutes ses soirées.

Elle ne sut ni feindre, ni dissimuler, ni épier, ni ruser. Quand il revint pour déjeuner, elle lui jeta cette lettre, en sanglotant, et s’enfuit dans sa chambre.

Il eut le temps de comprendre, de préparer sa réponse et il alla frapper à la porte de sa femme. Elle ouvrit aussitôt, n’osant pas le regarder. Il souriait ; il s’assit, l’attira sur ses genoux ; et d’une voix douce, un peu moqueuse :

— Ma chère petite, j’ai en effet pour amie Mme Rosset, que je connais depuis dix ans et que j’aime beaucoup ; j’ajouterai que je connais vingt autres familles dont je ne t’ai jamais parlé, sachant que tu ne recherches pas le monde, les fêtes et les relations nouvelles. Mais, pour en finir une fois pour toutes avec ces dénonciations infâmes, je te prierai de t’habiller après le déjeuner et nous irons faire une visite à cette jeune femme qui deviendra ton amie, je n’en doute pas.

Elle embrassa à pleins bras son mari ; et, par une de ces curiosités féminines qui ne s’endor-