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mademoiselle cocotte

affolé, le cœur palpitant, croyait voir Cocotte se tordant dans la vase ; et il se disait, dans sa simplicité de paysan : « Qu’est-ce qu’elle pense de moi, à c’t’heure, c’te bête ? »

Il faillit devenir idiot ; il fut malade pendant un mois ; et, chaque nuit, il rêvait de sa chienne ; il la sentait qui léchait ses mains ; il l’entendait aboyer. Il fallut appeler un médecin. Enfin il alla mieux ; et ses maîtres, vers la fin de juin, l’emmenèrent dans leur propriété de Biessard, près de Rouen.

Là encore il était au bord de la Seine. Il se mit à prendre des bains. Il descendait chaque matin avec le palefrenier, et ils traversaient le fleuve à la nage.

Or, un jour, comme ils s’amusaient à batifoler dans l’eau. François cria soudain à son camarade :

— Regarde celle-là qui s’amène. Je vas t’en faire goûter une côtelette.

C’était une charogne énorme, gonflée, pelée, qui s’en venait, les pattes en l’air en suivant le courant.

François s’en approcha en faisant des brasses ; et, continuant ses plaisanteries :