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un soir

et je lui laissai le temps — quelques secondes — de comprendre et de tordre ses bras vers moi, folle d’épouvante, avant de mourir à son tour. Oh ! j’étais prêt, fort, résolu et content, content jusqu’à l’ivresse. L’idée du regard éperdu qu’elle me jetterait Sous ma canne levée, de ses mains tendues en avant, du cri de sa gorge, de sa figure soudain livide et convulsée, me vengeait d’avance. Je ne l’abattrais pas du premier coup, elle ! Tu me trouves féroce, n’est-ce pas ? Tu ne sais pas ce qu’on souffre en pensant qu’une femme, épouse ou maîtresse, qu’on aime, se donne à un autre, se livre à lui comme à vous, et reçoit ses lèvres comme les vôtres ! C’est une chose atroce, épouvantable ! Quand on a connu un jour cette torture, on est capable de tout. Oh ! je m’étonne qu’on ne tue pas plus souvent, car tous ceux qui ont été trahis, tous, ont désiré tuer, ont joui de cette mort rêvée, ont fait, seuls dans leur chambre, ou sur une route déserte, hantés par l’hallucination de la vengeance satisfaite, le geste d’étrangler ou d’assommer.

Moi, j’arrivai à ce restaurant. Je demandai : « Ils sont là ? » Le garçon vendu répondit : « Oui,