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allouma

Je savais son histoire. Après avoir mangé beaucoup d’argent avec les femmes, il avait placé son reste en terres algériennes, et planté des vignes.

Les vignes marchaient bien ; il était heureux, et il avait l’air calme d’un homme satisfait. Je ne pouvais comprendre comment ce Parisien, ce fêteur, avait pu s’accoutumer à cette vie monotone, dans cette solitude, et je l’interrogeai.

— Depuis combien de temps êtes-vous ici ?

— Depuis neuf ans.

— Et vous n’avez pas d’atroces tristesses ?

— Non, on se fait à ce pays, et puis on finit par l’aimer. Vous ne sauriez croire comme il prend les gens par un tas de petits instincts animaux que nous ignorons en nous. Nous nous y attachons d’abord par nos organes à qui il donne des satisfactions secrètes que nous ne raisonnons pas. L’air et le climat font la conquête de notre chair, malgré nous, et la lumière gaie dont il est inondé tient l’esprit clair et content, à peu de frais. Elle entre en nous à flots, sans cesse, par les yeux, et on dirait vraiment qu’elle lave tous les coins sombres de l’âme.

— Mais les femmes ?