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allouma

Je croquai le léger gâteau qui était excellent en effet, et je lui demandai :

— C’est toi qui as fait ça ?

— Oui, c’est moi.

— Pour moi ?

— Oui, pour toi.

— Pour me faire supporter le Ramadan ?

— Oui, ne sois pas méchant ! Je t’en apporterai tous les jours.

Oh ! le terrible mois que je passai là ! un mois sucré, douceâtre, enrageant, un mois de gâteries et de tentations, de colères et d’efforts vains contre une invincible résistance.

Puis, quand arrivèrent les trois jours du Beïram, je les célébrai à ma façon et le Ramadan fut oublié.

L’été s’écoula, il fut très chaud. Vers les premiers jours de l’automne, Allouma me parut préoccupée, distraite, désintéressée de tout.

Or, un soir, comme je la faisais appeler, on ne la trouva point dans sa chambre. Je pensai qu’elle rôdait dans la maison et j’ordonnai qu’on la cherchât. Elle n’était pas rentrée ; j’ouvris la fenêtre et je criai :