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hautot père et fils

— Je te dis que c’est une brave fille, mais là, une brave, et que, sans toi, et sans le souvenir de ta mère, et puis sans la maison où nous avons vécu tous trois, je l’aurais amenée ici, et puis épousée, pour sûr… Écoute… écoute… mon gars. j’aurais pu faire un testament… je n’en ai point fait ! Je n’ai pas voulu… car il ne faut point écrire les choses… ces choses-là… ça nuit trop aux légitimes… et puis ça embrouille tout… ça ruine tout le monde ! Vois-tu, le papier timbré, n’en faut pas : n’en fais jamais usage. Si je suis riche, c’est que je ne m’en suis point servi de ma vie. Tu comprends, mon fils ?

— Oui, père.

— Écoute encore… Écoute bien… Donc, je n’ai pas fait de testament… je n’ai pas voulu…, et puis je te connais, tu as bon cœur, tu n’es pas ladre, pas regardant, quoi. Je me suis dit que, sur ma fin, je te conterais les choses et que je te prierais de ne pas oublier la petite : — Caroline Donet, rue de l’Éperlan, 18, au troisième, la seconde porte, n’oublie pas. — Et puis, écoute encore. Vas-y tout de suite quand je serai parti — et puis arrange-toi pour qu’elle ne se plaigne