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hautot père et fils

pas de ma mémoire. — Tu as de quoi. — Tu le peux, — je te laisse assez… Écoute… En semaine on ne la trouve pas. Elle travaille chez Mme Moreau, rue Beauvoisine. Vas-y le jeudi. Ce jour-là elle m’attend. C’est mon jour, depuis six ans. Pauvre p’tite, va-t-elle pleurer !… Je te dis tout ça, parce que je te connais bien, mon fils. Ces choses-là on ne les conte pas au public, ni au notaire, ni au curé. Ça se fait, tout le monde le sait, mais ça ne se dit pas, sauf nécessité. Alors, personne d’étranger dans le secret, personne que la famille, parce que la famille c’est tous en un seul. Tu comprends ?

— Oui, père.

— Tu promets ?

— Oui, père.

— Tu jures ?

— Oui, père.

— Je t’en prie, je t’en supplie, fils, n’oublie pas. J’y tiens.

— Non, père.

— Tu iras toi-même. Je veux que tu t’assures de tout.

— Oui, père.