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l’héritage

devant une jolie propriété blanche, au bord de la rivière. Il avait une veste de coutil, et un panama sur la tête.

Quelque chose de doux lui entrait dans le cœur à cette espérance, quelque chose de tiède et de bon qui semblait se mêler à lui, le rendre léger et déjà mieux portant.

Il sourit, sans répondre encore.

Cachelin, grisé d’espoirs, emporté dans les rêves, continuait : « Qui sait ? nous pourrons prendre de l’influence dans le pays. Vous serez peut-être député. Dans tous les cas, nous pourrons voir la société de l’endroit, et nous payer des douceurs. Vous aurez un petit cheval et un panier pour aller chaque jour à la gare. »

Des images de luxe, d’élégance et de bien-être s’éveillaient dans l’esprit de Lesable. La pensée qu’il conduirait lui-même une mignonne voiture, comme ces gens riches dont il avait si souvent envié le sort, détermina sa satisfaction. Il ne put s’empêcher de dire : « Ah ! ça, oui, c’est charmant, par exemple. »

Cora, le voyant gagné, souriait aussi, attendrie et reconnaissante ; et Cachelin, qui ne distinguait plus d’obstacles, déclara :

« Nous allons diner au restaurant. Sacristi ! il faut nous payer une petite noce. »

Ils étaient un peu gris en rentrant tous les trois, et Lesable, qui voyait double et dont toutes