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l’héritage

paroles fussent entendues par les murs : « Es-tu bien sûre d’être enceinte, au moins ? »

Elle le rassura tout de suite : « Oh ! oui, va. Je ne me suis pas trompée. »

Et lui, un peu inquiet encore, se mit à la tâter doucement. Il parcourait de la main son ventre enflé. Il déclara : « Oui, c’est vrai, — mais tu ne seras pas accouchée avant la date. On contestera peut-être notre droit. »

À cette supposition une colère la prit. — Ah ! mais non, par exemple, on n’allait pas la chicaner maintenant, après tant de misères, de peines et d’efforts, ah, mais non ! — Elle s’était assise, bouleversée par l’indignation.

« Allons tout de suite chez le notaire, » dit-elle.

Mais il fut d’avis de se procurer d’abord un certificat de médecin. Ils retournèrent donc chez le docteur Lefilleul.

Il les reconnut aussitôt et demande ! « Eh bien, avez-vous réussi ? »

Ils rougirent tous deux jusqu’aux oreilles, et Cora, perdant un peu contenance, balbutia : « Je crois que oui, monsieur, »

Le médecin se frottait les mains : « Je m’y attendais, je m’y attendais. Le moyen que je vous ai indiqué ne manque jamais, à moins d’incapacité radicale d’un des conjoints. »

Quand il eut examiné la jeune femme il déclara : « Ça y est, bravo ! »