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l’héritage

rouge épanouie. Son crâne énorme, surmonté d’un chapeau à larges ailes, écrasait son corps chétif, lui donnait un aspect de phénomène ; et sa femme, en se haussant un rien sur la pointe des pieds, pouvait regarder sans peine par-dessus sa tête.

Léopold, radieux, s’inclinait, remerciait. Il les fit monter dans le panier, puis courant vers ses deux collègues qui s’en venaient modestement derrière, il leur serra les mains en s’excusant de ne les pouvoir porter aussi dans sa voiture trop petite : « Suivez le quai, vous arriverez devant ma porte : Villa Désirée, la quatrième après le tournant. Dépêchez-vous. »

Et, montant dans sa voiture, il saisit les guides et partit, tandis que le groom sautait lestement sur le petit siège de derrière.

La cérémonie eut lieu dans les meilleures conditions. Puis on rentra pour déjeuner. Chacun, sous sa serviette, trouva un cadeau proportionné à l’importance de l’invité. La marraine eut un bracelet d’or massif, son mari une épingle de cravate en rubis, Boissel un portefeuille en cuir de Russie, et Pitolet une superbe pipe d’écume. C’était Désirée, disait-on, qui offrait ces présents à ses nouveaux amis.

Mme Torchebeuf, rouge de confusion et de plaisir, mit à son gros bras le cercle brillant, et comme le chef avait une mince cravate noire qui