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tion. J’ai sondé ce vieux renard d’Oriol, sans parler de vous, en disant qu’un de mes amis — j’ai peut-être laissé comprendre qu’il s’agissait de Paul Brétigny pourrait convenir à une de ses filles, et j’ai demandé quelle dot il leur donnait. Il m’a répondu en demandant à son tour quelle était la fortune du jeune homme ; et j’ai fixé trois cent mille francs, avec des espérances.

— Mais je n’ai rien, — murmura Gontran.

— Je vous les prête, mon cher. Si nous faisons ensemble cette affaire-là, vos terrains me donneront assez pour me rembourser.

Gontran ricana :

— Fort bien. J’aurai la femme et vous l’argent.

Mais Andermatt se fâcha tout à fait :

— Si je m’occupe de vous pour que vous m’insultiez, c’est fini, brisons là…

Gontran s’excusa :

— Ne vous fâchez pas, mon cher, et pardonnez-moi. Je sais que vous êtes un fort honnête homme, d’une irréprochable loyauté en affaires. Je ne vous demanderais pas un pourboire si j’étais votre cocher, mais je vous confierais ma fortune si j’étais millionnaire…

William, calmé, reprit :

— Nous reviendrons là-dessus tout à l’heure. Terminons à présent la grosse question. Le vieux n’a pas été dupe de mes ruses et m’a répondu : « C’est selon de laquelle il s’agit. Si c’est de Louise, l’aînée, voilà sa dot. » Et il m’a énuméré toutes les terres qui entourent l’établissement, celles qui relient les bains à l’hôtel et l’hôtel au Casino, toutes celles enfin qui nous sont indispensables, celles qui ont pour moi une inesti-