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mont-oriol

— Attendez, je vais les rappeler.

Elle s’élançait. La femme du médecin la retint :

— Ne les gêne pas, ma petite, s’ils veulent causer ! Ça n’est pas aimable de les déranger, ils reviendront bien tout seuls.

Et elle s’assit sur l’herbe, à l’ombre d’un pin, en s’éventant avec son mouchoir. Charlotte jeta sur Paul un regard de détresse, un regard implorant et désolé.

Il comprit et dit :

— Eh bien, mademoiselle, nous allons laisser madame se reposer, et nous rejoindrons votre sœur, nous.

Elle répondit avec élan :

— Oh oui, monsieur.

Mme Honorat ne fit aucune objection :

— Allez, mes enfants, allez. Moi, je vous attends ici. Ne soyez pas trop longtemps.

Et ils s’éloignèrent à leur tour. Ils marchèrent vite, d’abord, ne voyant plus les deux autres, et espérant les rejoindre ; puis, après quelques minutes, ils pensèrent que Louise et Gontran avait dû tourner soit à gauche, soit à droite, à travers bois, et Charlotte appela, d’une voix tremblante et contenue. Personne ne lui répondit. Elle murmura : « Oh ! mon Dieu, où sont-ils ? »

Paul se sentit envahi de nouveau par cette pitié profonde, par cet attendrissement douloureux qui l’avait saisi déjà au bord du cratère de la Nugère.

Il ne savait que dire à cette enfant désolée. Il avait envie, une envie paternelle et violente de la prendre dans ses bras, de l’embrasser, de trouver pour elle des choses douces et consolantes. Lesquelles ? Elle se tournait de tous les côtés, fouillant les branches de ses