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mont-oriol

yeux affolés, écoutant les moindres bruits, balbutiant :

— Je crois qu’ils sont par ici… Non, par là… N’entendez-vous rien ?…

— Non, mademoiselle, je n’entends rien. Le mieux est de les attendre ici.

— Oh ! mon Dieu… Non… Il faut les trouver..

Il hésita quelques secondes, puis il lui dit, très bas.

— Cela vous fait donc beaucoup de peine ?

Elle leva sur lui un regard éperdu où les larmes commençaient à poindre, couvrant l’œil d’un léger nuage d’eau transparente encore rete­nu par les paupières bordées de longs cils bruns. Elle voulait parler, ne pouvait pas, n’osait pas ; et pourtant son cœur gonflé, fermé, si plein de chagrins, avait tant besoin de s’épandre.

Il reprit :

— Vous l’aimiez donc bien fort… Il ne mérite pas votre amour, allez.

Elle ne se put contenir plus longtemps, et, jetant ses mains sur ses yeux pour cacher ses pleurs :

— Non… non… je ne l’aime pas… lui… c’est trop vilain de s’être conduit comme ça.. ! Il s’est joué de