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mont-oriol


déjeuner et ne toléraient pas que deux clients vinssent les chasser de leur tapis vert.

Ils avaient donc fait fuir tout le monde, et ne trouvaient point la vie désagréable, bien que la faillite attendît Petrus Martel en fin de saison.

La caissière. acca­blée, regardait du matin au soir cette partie interminable, écoutait du matin au soir cette discussion sans fin, et portait du matin au soir des chopes ou des petits verres aux deux joueurs infatigables.

Mais Gontran entraîna sa sœur :

Viens dans le parc. C’est plus frais.

Au bout de l’établissement, ils aperçurent soudain l’orchestre sous un kiosque chinois.

Un jeune homme blond, jouant du violon avec frénésie, gouvernait, au moyen de la tête, de ses cheveux agités en mesure, de tout son torse ployé, redressé, balancé à gauche et à droite comme un bâton de chef d’orchestre, trois musiciens singuliers assis en face de lui. C’était le maestro Saint-Landri.

Lui et ses aides, un pianiste dont l’instrument, monté sur roulettes, était brouetté chaque matin du