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mont-oriol

Son coœur, depuis longtemps, avait compris ce cœur meurtri et passionné ! Elle souffrait du même mal et pleurait les mêmes larmes.

Mais elle reprit :

— Écoute, Will, va me chercher M. Black. Je sens que je vais mourir s’il ne vient pas !

Andermatt lui saisit la main, la baisa tendrement :

— Voyons, ma petite Christiane, sois raisonnable… comprends…

Il vit des larmes dans ses yeux, et, se tournant vers le marquis :

— C’est vous qui devriez faire ça, mon cher beau-père. Moi, je ne peux pas. Black vient ici tous les jours vers une heure pour voir la princesse de Maldebourg. Arrêtez-le au passage et faites-le entrer chez votre fille. Tu peux bien attendre une heure, n’est-ce pas, Christiane ?

Elle consentit à attendre une heure, mais refusa de se lever pour déjeuner avec les hommes qui passèrent seuls dans la salle à manger.

Paul y était déjà. Andermatt, en l’apercevant, s’écria :

— Ah ! dites donc, qu’est-ce qu’on m’a conté tout à l’heure ? Vous épousez Charlotte Oriol ? Ça n’est pas vrai, n’est-ce pas ?

Le jeune homme répondit à mi-voix, en jetant un regard inquiet sur la porte fermée :

— Mon Dieu, oui !

Personne ne le sachant encore, tous les trois demeurèrent ébahis devant lui.

William demanda :

— Qu’est-ce qui vous a pris ? Avec votre fortune,