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mont-oriol

vous marier ? vous embarrasser d’une femme, quand vous les avez toutes ? Et puis enfin la famille laisse à désirer comme élégance. C’est bon pour Gontran qui n’a pas le sou !

Brétigny se mit à rire :

Mon père a fait fortune dans les farines, il était donc meunier… en gros. Si vous l’aviez connu, vous auriez pu dire aussi qu’il manquait d’élégance. Quant à la jeune fille…

Andermatt l’interrompit :

— Oh ! parfaite… délicieuse… parfaite… et… vous savez… elle sera aussi riche que vous… sinon plus… j’en réponds, moi, j’en réponds…

Gontran murmurait :

— Oui, le mariage ça n’empêche rien et ça couvre les retraites. Seulement il a eu tort de ne pas nous prévenir. Comment diable s’est faite cette affaire-là, mon cher ?

Alors Paul conta la chose en la modifiant un peu. Il dit ses hésitations qu’il exagéra, et sa décision subite quand un mot de la jeune fille lui avait permis de se croire aimé. Il raconta l’entrée inattendue du père Oriol, leur querelle, en l’amplifiant, les doutes du paysan sur sa fortune et le papier timbré tiré de l’armoire.

Andermatt, riant aux larmes, tapait du poing sur la table :

— Ah ! il l’a refait, le coup du papier timbré ! Elle est de mon invention, celle-là !

Mais Paul balbutia en rougissant un peu :

— Je vous prie de ne pas annoncer encore cette nouvelle à votre femme. Dans les termes où nous sommes,