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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/109

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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

et le Loup, où j’écris ces lignes. Ici, vraiment elle est l’unique souveraine des vallées et des collines. Les paysans y ont perdu l’habitude de cultiver le blé, comme s’ils n’avaient plus qu’à pourvoir aux besoins d’une humanité plus subtile qui se nourrirait d’odeurs suaves et d’ambroisie. Les champs ne forment qu’un bouquet qui se renouvelle sans cesse, et les parfums qui se succèdent semblent danser la ronde tout autour de l’année azurée. Les Anémones, les Giroflées, les Mimosas, les Violettes, les Œillets, les Narcisses, les Jacinthes, les Jonquilles, les Résédas, les Jasmins, les Tubéreuses envahissent les jours et les nuits, les mois d’hiver, d’été, de printemps et d’automne. Mais l’heure magnifique appartient aux Roses de Mai. Alors, à perte de vue, du penchant des coteaux aux creux des plaines, entre des digues de vignes et d’oliviers, elles coulent de toutes parts comme un fleuve de pétales d’où émergent les maisons et les arbres, un fleuve de la couleur que nous donnons à la