Aller au contenu

Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
LES PARFUMS

innombrables et promptes Violettes, les tumultueuses Jonquilles, les Narcisses naïfs, à l’œil émerveillé, les Mimosas énormes, le Réséda, l’Œillet chargé de précieuses épices, le Géranium impérieux, la fleur d’Oranger tyranniquement virginale, la Lavande, le Genêt d’Espagne, la trop puissante Tubéreuse et la Cassie qui est une espèce d’Acacia et porte une fleur pareille à une chenille orangée.

Il est d’abord assez déconcertant de voir les grands rustres épais et balourds, que la dure nécessité détourne partout ailleurs des sourires de la vie, prendre ainsi les fleurs au sérieux, manier soigneusement ces fragiles ornements de la terre, accomplir une besogne d’abeille ou de princesse et ployer sous le faix des Violettes ou des Jonquilles. Mais l’impression la plus frappante est celle de certains soirs ou de certains matins de la saison des Roses ou du Jasmin. On croirait que l’atmosphère de la terre vient de subitement changer, qu’elle a fait place à celle