Aller au contenu

Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
LES PARFUMS

d’une planète infiniment heureuse, où le parfum n’est plus, comme ici-bas, fugitif, imprécis et précaire, mais stable, vaste, plein, permanent, généreux, normal, inaliénable.

On a plus d’une fois tracé — du moins je l’imagine — en parlant de Grasse et de ses alentours, le tableau de cette industrie presque féerique qui occupe toute une ville laborieuse, posée au flanc d’une montagne, comme une ruche ensoleillée. On doit avoir dit les magnifiques charretées de Roses roses déversées au seuil des fumantes usines, les vastes salles où les trieuses nagent littéralement dans le flot des pétales, l’arrivée moins encombrante mais plus précieuse des Violettes, des Tubéreuses, de la Cassie, du Jasmin, en de larges corbeilles que les paysannes portent noblement sur la tête. On doit avoir décrit les procédés divers par