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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/159

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L’INQUIÉTUDE DE NOTRE MORALE

VII

En effet, que peut-il y avoir de commun entre le bon sens et l’idée stoïcienne du devoir, par exemple ? Ils habitent deux régions différentes et presque sans communications. Le bon sens, quand il prétend promulguer seul les lois qui forment l’homme intérieur, devrait rencontrer les mêmes défenses et les mêmes obstacles que ceux où il se heurte dans l’une des rares régions qu’il n’a pas encore réduites à l’esclavage : l’esthétique. Il y est très heureusement consulté sur tout ce qui concerne le point de départ et certaines grandes lignes, et très impérieusement prié de se taire dès qu’il s’agit de l’achèvement et de la beauté suprême et mystérieuse de l’œuvre. Mais au lieu qu’en esthétique il se résigne assez facilement au silence, en morale il veut tout régenter. Il importerait donc de le