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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/160

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L’INQUIÉTUDE DE NOTRE MORALE

remettre une fois pour toutes à sa place légitime dans l’ensemble des facultés qui constituent notre personne humaine.

VIII

Un des traits de notre temps, c’est la confiance de plus en plus grande et presque exclusive que nous accordons à ces parties de notre intelligence que nous venons d’appeler le sens commun et le bon sens. Il n’en fut pas toujours ainsi. Autrefois l’homme n’asseyait sur le bon sens qu’une portion assez restreinte et la plus vulgaire de sa vie. Le reste avait ses fondements en d’autres régions de notre esprit, notamment dans l’imagination. Les religions, par exemple, et avec elles le plus clair de la morale dont elles sont les sources principales, s’élevèrent toujours à une grande distance de la minuscule enceinte du bon sens. C’était excessif ; il s’agit de savoir si