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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/174

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L’INQUIÉTUDE DE NOTRE MORALE

vient de nous faire, en est-il une seule qui nous autorise à retrancher quelque chose de l’idéal que nous proposait Marc-Aurèle, par exemple ? Le moindre signe, le moindre indice, le moindre pressentiment éveille-t-il le soupçon que les idées mères qui jusqu’ici ont conduit le juste, doivent changer de direction ; et que la route des bonnes volontés humaines soit une fausse route ? Quelle découverte nous annonce qu’il est temps de détruire en notre conscience tout ce qui dépasse la stricte justice, c’est-à-dire ces vertus innomées qui, par delà celles qui sont nécessaires à la vie sociale, paraissent des faiblesses et font cependant du simple honnête homme le véritable et profond homme de bien ?

Ces vertus-là, nous dira-t-on, et une foule d’autres qui ont toujours formé le parfum des grandes âmes, ces vertus-là seraient sans doute à leur place dans un monde où la lutte pour la vie ne serait plus aussi nécessaire qu’elle ne l’est actuellement sur une