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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/290

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L’IMMORTALITÉ

triomphe, la lumière éternelle ou les ténèbres sans fin qui commencent ?

Comme tout ce qui existe, nous sommes impérissables. Nous ne pouvons concevoir que quelque chose se perde dans l’univers. À côté de l’infini, il est impossible d’imaginer un néant où un atome de matière puisse tomber et s’anéantir. Tout ce qui est sera éternellement, tout est, et il n’est rien qui ne soit point. Sinon, il faudrait croire que notre cerveau n’a rien de commun avec l’univers qu’il s’efforce de concevoir. Il faudrait même se dire qu’il fonctionne au rebours de celui-ci, ce qui n’est guère probable, puisqu’après tout, il n’en peut être qu’une sorte de reflet.

Ce qui semble périr ou du moins disparaître et se succéder, c’est les formes et les modes sous lesquels nous percevons la matière impérissable ; mais nous ignorons à quelles réalités répondent ces apparences. Elles sont le tissu du bandeau qui, posé sur nos yeux, donne à ceux-ci, sous la pression