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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/320

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L’IMMORTALITÉ

satisfaction calme et pleine où nous plonge la contemplation d’une belle statue, d’un monument parfait, qui ne nous appartient pas, que nous ne reverrons jamais, qui n’excite aucun désir sensuel, qui ne peut nous être d’aucune utilité ; n’est-il pas possible que cette satisfaction soit la pâle lueur d’une conscience différente qui filtre à travers une fissure de notre conscience mnémonique ? Si nous ne pouvons imaginer cette conscience différente, ce n’est pas une raison pour la nier. Je crois même qu’il serait plus sage d’affirmer que c’est un motif de l’admettre. Toute notre vie se passerait au milieu de choses que nous n’aurions pu imaginer si nos sens, au lieu de nous être donnés tous ensemble, nous étaient accordés un à un et d’année en année. Au reste, un de ces sens, le sens génésique, qui ne s’éveille qu’aux approches de la puberté, nous montre que la découverte d’un monde imprévu, le déplacement de tous les axes de notre vie, dépend d’un accident de notre organisme. Durant