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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/95

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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

d’abord la surface gluante du stigmate, puis les glandes visqueuses des masses de pollen qui l’attendent le long de la voûte. Il s’échappe ainsi, chargé de la poudre adhésive, entre dans une fleur voisine, où recommence le drame du repas, de la bousculade, de la chute, de la baignade et de l’évasion, qui met forcément en contact avec l’avide stigmate le pollen importé.

Voilà donc une fleur qui connaît et exploite les passions des insectes. On ne saurait prétendre que tout ceci n’est qu’interprétations plus ou moins romanesques ; non, les faits sont d’observation précise et scientifique, et il est impossible d’expliquer d’autre façon l’utilité et la disposition des divers organes de la fleur. Il faut accepter l’évidence. Cette ruse incroyable et efficace est d’autant plus surprenante, qu’elle ne tend pas à satisfaire ici le besoin de manger, immédiat et urgent, qui aiguise les plus obtuses intelligences : elle n’a en vue qu’un idéal lointain : la propagation de l’espèce.